[1883] Narration d'Elsa - Episode 8

Episode #108 : La plainte de la défaite

C'est notre troisième jour ici. On n'était jamais resté aussi longtemps au même endroit depuis le début de ce périple. A un pré que tous les animaux partagent, les humains y compris, peu importe où on se trouve, ou bien où on voudrait se trouver, si on y passe plus d'une journée, on essaie d'en faire notre foyer.

Mais les plaines sont pas faites pour bâtir un foyer. Y a pas assez de ressources, pas assez d'abris. Les plaines sont faites pour les vagabons, les nomades et les cowboys... Ceux qui vivent sur leur scelle avec le ciel en guise de toit, et le sol en guise de lit... Ceux qui perdent en confort matériel est compensé par l'assurance d'être partout chez soi. Pour eux, le voyage est la destination. S'ils trouvaient de l'or au pied d'un arc-en-ciel, ils le laisseraient là pour en chercher un autre, choisissant la liberté plutôt que le fardeau de la richesse.

Pas une fois, j'ai pensé à l'Oregon... Je rêvais ni d'océan, ni de montagnes recouvertes de neige. Je ne rêve que de ce voyage et rien d'autre. Pas d'or pour moi, seulement l'arc-en-ciel.

[Dialogue]

Je comprends l'inquiétude de ma mère, mes choix n'ont aucun sens dans son monde. Toutes les coutumes et les préjugés sont rois, où la loi n'a pas cours. Y aura des coutumes et des préjugés ici aussi, c'est certain, mais ils sont nés de ce monde où ils appartiennent. Importer les traditions de l'endroit que l'on fuit, l'endroit qui nous a trahit, c'est condamner l'endroit que l'on cherche à nous trahir aussi.

[Dialogue]

Je sentis leur regard sur moi, je sentais leur pitié et leur désaprobation, et ça n'avait aucune importance à mes yeux. La seule chose qui comptait pour moi s'éloignait à cheval, tout comme moi je m'éloignais de lui, alors que je pensais au voyage qui m'attendait et à celui qui me ramènerait à lui. Ils observaient tous, les larmes rouler sur mes joues et je les laissais faire. Je ne me suis pas cacher le visage, j'ai pas écraser mes larmes. Les larmes sont incontrolables. Les sanglots et les pleurs sont face à la douleur. Mes larmes peuvent couler, je ne gemirai pas. Je suis la femme d'un guerrier maintenant, ce qui revient à dire que je suis une guerrière... et les guerrières ne pleurent pas.